Time Riders T7 - Les seigneurs des mers by Alex Scarrow

Auteur:Alex Scarrow [Alex Scarrow]
La langue: fra
Format: epub
Tags: SF
Publié: 2014-03-13T04:00:00+00:00

CHAPITRE 35

1667, PORT ROYAL, JAMAÏQUE

Liam s'emplit les poumons pour savourer les odeurs caractéristiques du port : le riche parfum si particulier de la résine de pin, tandis que les hommes s'activaient de tous côtés sur le quai pour calfater les coques de leurs bateaux avec de l'étoupe et en garantir l'étanchéité ; l'iode omniprésent dans l'air qui s'accrochait à tout ce que transportait les navires ; l'odeur du feu de bois qui s'échappait en volutes des cheminées ; l'odeur légèrement moins agréable de la viande des dernières carcasses invendues du boucher, qui mûrissait, un peu plus loin, sur le marché, sous le soleil de ce milieu de matinée.

Tous ces effluves lui rappelèrent une sensation qu'il avait éprouvée une fois – au cours de ce qui lui semblait être à présent une tout autre vie. Celle d'appartenir au bon endroit, à la bonne époque. Et, le sourire aux lèvres, voilà que lui venait exactement la même pensée qu'il avait eue quand il contemplait les toits de Nottingham.

Ça me va parfaitement !

– Hé ! J'ai fini !

C'était Gunny – James Gunn, dont le nom signifie à peu près « artilleur », et qui se trouvait être par coïncidence le canonnier en chef du bateau –, suspendu à un harnais le long de la proue.

– Alors ? Ça a plutôt fière allure, non ?

Il tenait dans une main une grosse brosse, et de l'autre un seau de peinture blanche. Clara Jane avait été recouvert et remplacé par le nouveau nom de leur bateau : Pandore.

Liam s'abrita les yeux du soleil pour admirer les boucles bien ourlées des lettres.

– C'est parfait, Gunny. Beau travail !

L'homme porta les doigts à son front en signe de salut et lui adressa un immense sourire. Liam le regarda se hisser avec énergie jusqu'au bastingage, qu'il enjamba pour regagner le pont.

L'humeur de l'équipage avait sensiblement changé. Ces derniers jours, comme Modyford avait discrètement remis à Rashim une lettre de marque, les hommes s'étaient mis à accepter les ordres avec beaucoup plus d'enthousiasme. Non seulement ceux de Rashim, leur capitaine élu, mais aussi ceux de Liam, désormais communément reconnu parmi les hommes comme leur « co-capitaine » – une expression qu'aucun d'entre eux n'avait jusque-là entendue mais qu'ils employaient avec bonheur.

La lettre de marque faisait bien sûr toute la différence. Cependant, plusieurs conditions avaient été posées pour cette licence. Selon l'une d'elles, si Modyford lançait un appel aux armes pour défendre le port d'une incursion espagnole, ils avaient le devoir d'abandonner sur-le-champ ce à quoi ils étaient occupés pour y répondre. Une autre condition stipulait que, alors que la manière dont ils pillaient les navires allemands ou français leur incombait totalement, des règles minimales de conduite devaient être observées quand il s'agissait de vaisseaux espagnols. La clémence serait accordée aux équipages qui feraient halte et se rendraient de bonne grâce. Après la « confiscation » du chargement du bateau, celui-ci ainsi que l'équipage seraient autorisés à passer leur chemin – une telle courtoisie, naturellement, ne s'appliquait pas aux « nègres », qu'ils fassent partie de l'équipage ou du « chargement ».

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